
Bienvenue à toi ! Aujourd’hui, j’aimerai te parler d’un petit arbre de chez nous, que beaucoup de monde connait, et trouve, envahissant (normal, il fait partie des espèces pionnières), et qui pourtant nous offre beaucoup !
Je vais te parler du sureau noir (Sambucus nigra) qui est un arbuste de la famille des Adoxaceae. Cet arbre à croissance rapide est présent en Europe, en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord, sauf dans les régions montagneuses. Il peut vivre plus de 100 ans. C’est une espèce qui a besoin de soleil ou de demi-ombre pour vivre : on le trouve donc plus facilement en lisières de bois, dans les haies et sur les berges des cours d’eau.
Cet arbre de 2 m à 10 m s’accommode de tout type de sol bien drainé, même calcaire. Et il apprécie un emplacement ensoleillé ; il supporte le froid jusqu’à -29°. Il est donc rustique, vivace et facile à vivre en plus de pousser très rapidement.
Attention à ne pas confondre le sureau noir avec le sureau hièble qui lui ressemble beaucoup. Le sureau hièble ne dépasse pas 1,80 m de haut, fleurit plus tardivement (de juillet à août) et tourne ses fruits vers le haut, alors que le sureau noir les tourne vers le sol. (Pour les avoir confondus une fois, je peux te dire qu’ils n’ont pas du tout le même goût.)
Un peu d’histoire :
Considéré comme la demeure des fées et des esprits de la nature, le sureau était perçu comme protecteur, raison pour laquelle les gens en plantaient près des habitations et sur certains sites spécifiques. Objet d’offrandes rituelles, de nombreuses croyances condamnaient à une malédiction certaine quiconque abattait un sureau.
Il était traditionnellement lié à de nombreux esprits et dieux, dont notamment la déesse germanique Holda, puis plus tardivement à Dame Holle. Chez les Celtes, déjà, le sureau était associé à la mort, et considéré comme un portail vers l’Autre Monde.
Le bois tendre et creux du sureau servait autrefois à fabriquer des flûtes et des sifflets. C’est à cette particularité que cet arbre doit son nom botanique Sambucus nigra (du grec sambuke : « flûte »). À noter que dans la tradition celtique, le sureau est l’arbre des morts ; les druides confectionnaient avec son bois les flûtes qui leur servaient à converser avec les âmes des défunts.
1/ plante mellifère et de biodiversité
Le sureau est principalement une plante à pollen, plus qu’à nectar. Les quantités produites par fleur sont relativement modestes, mais ses abondantes floraisons en font une ressource intéressante pour les abeilles et les pollinisateurs en général.

Ses feuilles qui apparaissent tôt dans la saison sont appréciées de nombreuses espèces de chenilles, principalement de papillons de nuit.
Les jeunes pousses sont généralement couvertes de pucerons noirs appartenant à une espèce spécifique au sureau et qui ne va donc pas attaquer les autres cultures. Ces pucerons sont le plus souvent encadrés et élevés par des fourmis, qui récoltent leur miellat. Ces pucerons accumulent des toxines (proches du cyanure) présentes dans la plante et sont inconsommables pour la plupart des prédateurs usuels des pucerons, comme la coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata) ; la coccinelle à deux points (Adala bipunctata) tolère quant à elle cette toxine.
Quand viens la floraison, en juin, cela attire quantité de butineurs : abeilles, papillons… et les baies font le régal des fauvettes des jardins, des merles noirs, des grives, des rouges-gorges, des passereaux… Abeilles, syrphes, cantharides, punaises, coccinelles, et autres espèces d’insectes dont les larves et chrysalides passent l’hiver dans son bois creux. Les pontes y sont déposées et les adultes qui ne meurent pas en automne s’y réfugient.
Donc si tu veux attirer de la biodiversité, plante un arbre à sureau. Tu offriras ainsi un gîte et le couvert a de nombreux animaux.
2/ Plante alimentaire :
On fabrique de délicieuses limonades, des beignets et pâtisseries aromatisées aux fleurs de sureau, ainsi que du vinaigre de sureau. Les fleurs sont également utilisées pour fabriquer le champagne de sureau et du sirop de fleurs de sureau.

Les
fruits sont toujours consommés cuits et entrent dans la préparation du
vin de sureau, de la liqueur, des sirops, des gelées et des confitures.
Les baies sont comestibles cuites. Il
est toutefois préférable d’éviter de les consommer crues, car elles sont
légèrement toxiques (elles peuvent provoquer nausées et vomissements).
Tu peux utiliser ses baies comme colorant alimentaire.
Il est possible de récolter jusqu’à 10 kg de fruits par arbuste.
3/ Plante médicinale :
Les baies du sureau, comme la majorité des petits fruits, regorgent d’antioxydants, ces molécules bénéfiques pour ta santé. Des études récentes ont démontré qu’elles comptent même parmi les petits fruits les plus riches en antioxydants : 100 g de baies de sureau européen fournissent 1500 mg d’anthocyanines, une classe d’antioxydants, alors que la même quantité de myrtilles, de canneberges ou de cassis ne fournit pas plus de 700 mg. De plus, ces baies sont riches en vitamines des groupes A, B et C, en flavonoïdes, en tanins, en caroténoïdes et en acides aminés.
Pour le sureau noir, il y a deux saisons à ne pas manquer : le printemps et l’automne. Le printemps nous donne les fleurs, ces belles ombelles jaune pâle au parfum riche et puissant.
On les sèche pour en faire des infusions, aux vertus sudorifiques. En d’autres termes, elles font transpirer. C’est surtout utile pendant les fièvres, lorsqu’une bonne transpiration peut permettre à notre corps d’éliminer une partie de la chaleur emprisonnée dans le sang.

On laisse passer la phase montante de la fièvre, au cours de laquelle on aura recours aux plantes épicées pour réchauffer la personne grelottante. Lorsqu’elle repousse enfin les couvertures, car elle a trop chaud, il est temps de préparer un litre d’infusion avec 30 g de fleurs de sureau sèches (dix minutes d’infusion à couvert). On laisse refroidir et on boit l’infusion tiède ou froide.
À l’automne, ce sont les fruits qui nous permettent de préparer un sirop délicieux. Ils contiennent des substances qui inhibent la neuraminidase, une enzyme utilisée par le virus de la grippe pour pénétrer nos tissus et nos cellules, et donc se développer à notre insu.
Pense à toujours demander conseil à ton droguiste.
4/ Plante utile
« Qui laisse pousser un sureau recevra mille cadeaux »
- Ses feuilles ont la réputation d’accélérer la décomposition du compost, alors si ton compost ne fonctionne pas top, rajoutes-en !
- Son purin est utilisé en agriculture biologique pour combattre le mildiou, les pucerons et les rongeurs (1 kg de feuilles pour 10 l d’eau, à macérer plusieurs jours). Si tu testes, merci de nous le dire dans les commentaires.
- Les tiges à moelle, coupées en bâtons d’au moins 10 cm, peuvent entrer dans la fabrication de nichoirs pour abeilles sauvages ou être simplement attachées en petit fagot pour attirer la biodiversité au jardin.

- Avec son bois, souple et doux, tu peux fabriquer des manches d’outils qui ne chauffent pas et ne provoquent pas d’ampoules. Ainsi que des tuteurs. Pour ceux-ci, utilise les plus vieux rejets du sureau (3 ans).
- On peut également utiliser les baies pour fabriquer des encres. Pour en fabriquer, il faut broyer les baies dans l’eau, puis les laisser macérer pendant une journée afin que les fruits dégorgent. Pendant la macération, ajouter deux sachets de thé (il est riche en tanin), qui fixe très bien les couleurs. Filtrer le macérât et le faire réduire en le portant à ébullition. Ajouter de l’alun en poudre et de la gomme arabique finement broyée. Mélanger et continuer à faire réduire jusqu’à obtention de la concentration appropriée. Cette année, j’espère pouvoir tester, et toi ?
- Il sert aussi à créer des haies brise-vent qui poussent rapidement.
- On peut faire de la cordelette avec les fibres des jeunes pousses.
- Les jeunes pousses sont puissantes avec une consistance presque herbacée. Plusieurs d’entre elles seront détruites par les gels de leur premier hiver : ce bois mort est très utile pour allumer un feu, car il prendra même s’il pleut !
- Les jeunes et longs rameaux fistuleux sont remplis d’une moelle blanche qui peut servir de gomme. Pour les vider de cette moelle, on enfonce, sans effort -même sur une grande longueur-, une tige de fer (éventuellement portée au rouge).

Tu obtiens alors une sarbacane, un chalumeau pour attiser un feu, une conduite d’eau ou un tube pour récolter la sève de l’érable (comme les Amérindiens), un étui de rangement pour outils effilés, une canne défensive de pèlerin ou un bâton de voyageur, un pistolet à air comprimé avec un piston (le fameux fusil à patate), un instruments de musique (flûte, sifflet) ou un appeau (hulotte), un hôtel à insectes (pour abeilles et guêpes solitaires), un stéthoscope, une pipe (calumet de la paix), un robinet, etc. On dirait que le sureau a été inventé tout exprès pour nous distraire. La moelle de sureau est indispensable aux microbiologistes pour consolider les préparations microscopiques des coupes minces et fragiles destinées à être passées au microtome.
- En permaculture, le sureau est aussi utile dans le poulailler pour faire de l’ombre aux poules, leur fournir des perchoirs et de la nourriture.
- Comme plante tinctoriale, car à partir des baies mûres, on obtient du mauve à violet. Les baies du sureau européen auraient servi de colorant rouge ou pourpre dès la Préhistoire. Par la suite, les Romains s’en servirent pour faire de la teinture à cheveux. Tu peux toujours trouver des baies séchées pour mettre avec ton henné.
- Comme plante ornementale et à floraison parfumée.
Épatant, non ? Et je suis sûre de n’avoir pas cité tous ses usages. Si tu en connais d’autres, partage-les avec nous !
Au jardin :
Tu peux en semer à l’automne ou en faire des boutures pour le multiplier. Si tu en installes un, attention à la prolifération des rejets et des semis spontanés.

Si tu aimerais plutôt un arbuste ornemental, dans le commerce tu peux trouver une variété pourpre, à belles fleurs rosées, qui ne prend pas trop de place.
C’est un arbre très facile, même pour les débutants. Il poussera aussi très bien dans un gros pot.
En conclusion :
Le sureau est pour moi un arbre qui a tout pour plaire, et avec ses nombreux usages, en fait un arbre indispensable d’un jardin en permaculture. Il peut te servir de haies brise-vent, car il pousse rapidement tout en faisant revenir la biodiversité. De plus, tu lui trouveras facilement un emploi dans la liste des plantes utile. J’espère que j’ai pu te faire découvrir autrement cet arbre bien de chez nous qui a tant à nous offrir. Rien que pour le parfum de ses fleurs, cela vaut la peine d’en avoir un chez soi.
Je te souhaite une belle semaine et si tu as des suggestions de plante, arbre, légumes ou autre végétal qui t’intéresse, laisse-moi un commentaire et pense à partager cet article s’il t’a plu !

Sources :
Le sureau noir bio : présentation et usageshttp://apisbruocsella.be/fr/sureau-noir
Sureau (Sambucus nigra)http://lespetitesherbes.blogspot.com/2015/06/la-flore-sauvage-des-berges-de-la-seine.html http://www.jardin-et-ecotourisme.fr/sureau-noir-157.htm photo: https://jardinage.ooreka.fr/plante/voir/684/sureau-noir
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Idéal pour les haies de pâtures, c’est le seul arbre que les chevaux ne grignote pas 😉
Bonjour, le sureau a-t-il des associations à éviter ? Je vais faire une haies gourmandes brise vent avec sureau, cassis et 3 spots à myrtilles (gros trous faits, remplis de feuilles et d’aiguilles de sapin, terre acide en préparation …).
Y a-t’il des plantes couvre sol à éviter ? des fleurs à associer ?
Merci d’avance !
Carine
Bonjour,
Le sureau fonctionne bien avec toutes sorte d’arbruste. Cassis et myrtille, c’est très bien, en couve-sol vous pouvez associer des fraises des bois ou des airelles . Pour la terre acide, très bien, vous pouvez aussi mettre du marc de café .
Je vois souhaite beaucoup de plaisir au jardin!
Bonsoir, j’ai beaucoup aimé cette article qui m’a beaucoup appris.
Merci
Bonjour,
J’ai trois sureau noir qui ont poussés spontanément dans le jardin. J’avais hésité à en enlever mais votre article m’a convaincu de les laisser. Merci c’est très intéressant ce que vous y notez.
J’ai effectivement noté la présence de pucerons noirs. Leur présence peut elle être nocive pour le sureau ? Si c’est le cas quelle peut être la solution pour protéger le sureau ? Merci pour votre réponse et surtout merci pour votre site que je découvre à peine mais que je dévore déjà,
Bonjour,
Merci pour vos commentaires, ils me vont droit au cœur.
Pour les pucerons, attendez, l’es larve de coccinelle devrai arriver. Observer si il y a pas une ponte de coccinelle. Sinon arroser au jet pour les faire tomber. Et laisser des herbes haute à leur pied, ainsi les fourmis qui s’en occupe iront plutôt la.
Merci à tous et une toutes belle journée
Bonjour,,
Nous avons un sureau de plus 40 ans.
C’est un magnifique arbre qui à fleurît mais que depuis deux ans ses fruits sont chétifs
Son feuillage est plutôt pâle.
Ma question: que devons-nous faire pour lui redonner vigueur?
Merci pour votre aide.
Bonjour,
Merci pour votre commentaire. Vu l’âge de votre arbre , l’avez vous déjà tailler pour que de nouvelle branche puisse remplacer les anciennes? Et l’autre question, avez vous des animaux qui pâture ou mettre vous du composte ou autre?
Car l’es fruit chétif manque de potasse ( cendres ou fumier de poule ) et azote peut être pour les feuille jaune . Si en 40 ans aucun apport, je pense que ça serai judicieux de commencer par la, puis de voir si l’année suivante tout rentre dans l’ordre…
merci beaucoup et belle fin de journée
Le sureau étant le premier arbre de l’année dans mon jardin à avoir des pucerons, je les laisse pour attirer les syrphes. Une fois les syrphes en place, elles régulent l’ensemble des populations des pucerons dans mon jardin.
Le sureau étant le premier arbre de l’année dans mon jardin à avoir des pucerons, je les laisse pour attirer les syrphes. Une fois les syrphes en place, elles régulent l’ensemble des populations des pucerons dans mon jardin.
De plus le sureau fait partie des arbres qui favorisent le mycélium qui assure des fonctions biologiques majeures dans le sol et des interconnections avec de nombreuses de nos plantes potagères !
Bonjour. Bravo pour cet article passionnant. Mais le sureau noir n’appartient-il pas à la famille des Adoxaceae et non Caprofoliaceae?
Naturellement vôtre 😉
Bonjour, merci beaucoup pour votre correction, j’ai effectivement commis une erreur une toute belle journée
bonjour et merci pour cet article.
J aurais une question pour savoir si le sureau nigra est envahissant.
En effet, j ai trouvé un sureau nigra thunderbolt dont on me dit sur le site de vente qu’il ne drageonne pas.
Ayant souvent entendu dire que le sureau s’étendait je ne voudrais pas lui courir après.
merci pour vos reponses
Bonjour, merci pour votre commentaire. Le sureau ce multiplie très facilement part semis. Si vous cueillez les baie à l’automne, vous aurez moi de bébé sureau qui pourrai se développer. Merci de m’avoir lui et bonne continuation
Le sureau se reproduit très facilement grâce à ses graines, si la terre lui plaît c’est une plante plante pionnière. Je vous conseille de ramasser les fruits pour faire de la confiture ou du sirop, ce qui limitera la possibilité de celle-ci de se retrouver à terre et de germer.
Merci de m’avoir lu et beaucoup de plaisir dans votre jardin
Bonjour,
Notre jardin est un ancien verger où poussent encore, entre autre, un magnifique cerisier. L’année dernière, un sureau a poussé dessous, sans doute laissé en cadeau par les oiseaux auxquelles nous laissons les cerises du tiers supérieur… Ce sureau va-t-il poser problème au cerisier? Voudrait-il mieux l’enlever, quitte à en planter un autre ailleurs ?
Merci d’avance pour votre réponse et bonne fin de journée
Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Si il est vraiment trop prêt je pense que c’est judicieux de l’enlever ( si il est sous la couronne de l’arbre) car il risque de faire concurrence à votre cerisier
Merci beaucoup et belle fin de journée